Rorippa aspera et les autres espèces du genre RORIPPA.
Des petites crucifères jaunes du côté de Brive-la-Gaillarde.


Avec la rencontre récente de Rorippa aspera photographié en août 2014 à Brive,
 sur des ornières dénudées du Puy Blanc de Brive, c'est le bon moment de faire le point sur la présence des espèces appartenant à ce genre.



La Rorippa aspera dont la dénomination varie selon les nomenclatures avec Sisymbrella aspera s'inscrit dans ces petites crucifères jaunes
qui parfois par leur densité sont capables de jaunir les prairies brivistes comme c'est le cas pour Rorippa pyrenaica (= stylosa),
la Rorippe des Pyrénées
 au printemps comme on peut le voir ci-dessous.


La première difficulté pour le genre Rorippa vient de son orthographe assez fluctuante liée vraisemblablement
à l'origine même de ce nom fabriqué de toutes pièces
par Scopoli et dépourvu de sens
selon les indications de Paul Victor Fournier auteur des " Quatre flores de France "

On a d'ailleurs " Roripa "  chez Fournier et la francisation pour le nom vulgaire (rorippe ou roripe,
parfois rorripe ou rorrippe) connait un peu les mêmes incertitudes.


A Brive on a donc affaire à : Sisymbrella aspera (L.) Spach, 1838,  
ou plutôt à la variante : Sisymbrella aspera (L.) Spach subsp. aspera
selon le site Chloris du CNBMC

La variante possède une silique plus courte et pas très lisse comme le montre les photos.

Voici plusieurs noms français pour cette  l'espèce : Cresson rude, Rorippe rude, Sysimbre rude
et une liste des différents appellations selon l'évolution des nomenclatures :
Cardamine aspera (L.) Bubani, 1901
Nasturtium asperum Coss., 1849
Nasturtium asperum (L.) Boiss., 1839
Rorippa aspera (L.) Maire, 1927
Rorippa aspera P.Fourn., 1936
Sisymbrium asperum L., 1753
Sisymbrella aspera (L.) Spach, 1838
Cette première rencontre sur le Puy Blanc durant cet été 2014 est relativement surprenante
tant les lieux sont parcourus par les naturalistes
depuis plusieurs années,
mais pour cette année on peut tenir compte de la végétation un peu tardive des quelques quarante individus recensés
 qui n'ont pas atteint encore dans la plupart des cas leur développement total,
l'espèce a-t-elle un développement annuel à Brive ? au vu de cette année climatique particulière, printemps chaud et été frais
.
Il semble également que cette espèce n'est pas été vue en région Limousin avant le Puy Blanc.
Elle semble cependant présente dans les départements voisinant la région (Dordogne, Lot , l...)
Au vu des milieux fragiles auxquels son écologie est attachée,
elle pourrait devenir une nouvelle espèce patrimoniale de Brive.


Voici quelques autres photos illustrant cette espèce rare qui bénéficie de protection dans certaines régions.




Pour avoir une description détaillée de Sisymbrella aspera, on peut cliquer sur celle originale d'Édouard Spach
qui fourmille de renseignements avec un vocabulaire ultra-technicobotanique.

Le Cresson rude doit-il son qualificatif aux particules translucides et (semble-t-il) rêches qui émaillent l'extérieur de la silique ?


Le Cresson rude de Brive semble parfois un peu éloigné de la description du Muséum :

Citation de cette fiche : A. LOMBARD, R. BAJON, février 2001. Sisymbrella aspera (L.) Spach, 1838. In Muséum national d'Histoire naturelle [Ed]. 2006.
Conservatoire botanique national du Bassin parisien, site Web. http://www.mnhn.fr/cbnbp.

Voici le contenu de la fiche :
 
© MNHN-CBNBP R. DUPRE 
Caractères diagnostiques :Plante annuelle ou biannuelle, de 10 à 30 cm de hauteur, à tiges dressées, généralement scabres ; feuilles pétiolées, pectinées-pennatiséquées, à segments linéaires, un peu dentés ; feuilles inférieures en rosette. Inflorescence en grappe fournie constituée de petites fleurs jaunes ; pédicelles de taille variable, épais ; pétales de 3 à 7 mm de longueur. Fruit = silique de 5 à 6 cm de longueur, oblongue, linéaire, scabre, terminées par un bec court, à nervures saillantes, la médiane munie d'aspérités blanchâtres. Floraison de mai à juillet.

Confusions possibles : S. aspera comprend deux sous-espèces en France : la sous-espèce aspera, à siliques courtes et épaisses, principalement présente dans le sud de la France, que l'on rencontre plutôt près des cours d'eau ; la sous-espèce praeterita Heyw., à siliques longues, minces et lisses, présente dans les Pyrénées Orientales, sur alluvions et sols humides.

Caractères biologiques :Thérophyte ou hémicryptophyte.

Aspects des populations, sociabilité :Cette espèce peut se maintenir dans des parcelles cultivées de façon extensive, surtout sur Maïs (Bassée - 77).

Caractères écologiques :Sols humides, graviers d'alluvions, sables, à proximité des cours d'eau. Ce taxon se rencontre jusqu'à 800 m d'altitude.

Habitats concernés : Allio schoenoprasi - Deschampsienion mediae.

Répartition géographique : C'est une plante ouest-méditerranéenne (France, Espagne et Portugal), présente dans une grande partie de la France, en dehors du nord ; elle est pratiquement absente au nord de Paris.

Etat des populations :L'évolution de cette espèce est parfois difficile à estimer ; elle semble avoir disparu de nombreux secteurs.

Menaces potentielles :Comme beaucoup de plantes des milieux humides temporaires, S. aspera est victime de la disparition ou de la dégradation de ses milieux.

Bibliographie :
- BERNARD C., 1996. Flore des Causses. Deuxième tirage. Bulletin de la Société Botanique du Centre-Ouest, nouvelle série - n° spécial 14 : 705 p.
- BONNIER G., réédition 1990. La grande flore en couleurs de Gaston Bonnier. France, Suisse, Belgique et pays voisins. 4 tomes. Editions Belin, Paris. 1401 p.
- BUGNON F., 1995. Nouvelle Flore de Bourgogne. Tome II – Clés de détermination. Bulletin scientifique de Bourgogne, édition hors série, Dijon. 35 p. + XLII + 784 p.
- NETIEN G., 1993. Flore Lyonnaise. Société Linéenne de Lyon. 623 p.


Par ailleurs la région de Brive accueille une bonne partie des espèces du genre Rorippa décrites en France
et cette situation est favorable à la présence d'un certain nombre d'hybrides si on en juge
 le nombre et la diversité d'individus rencontrés
depuis 7 ans et difficilement identifiable.



Les autres espèces du genre RORIPPA


  • Rorippa pyrenaica (All.) Rchb. 
  • Rorippe des Pyrénées
Bien que souvent évoqué comme une espèce montagnarde, elle est l'espèce la plus commune sur Brive
et accompagne très souvent au printemps Saxifraga granulata sur les prairies de la cité gaillarde.





La Rorippe des Pyrénées au sein de la Saxifrage granulée et de d'Orchis morio :  espèces en fleurs au milieu du printemps sur les prairies
siliceuses sableuses de Brive,  mais gardant une bonne humidité de l'hiver précédent.


  • Rorippa sylvestris (L.) Besser
  • Rorippe des forêts, Roripe des bois
Dans la région de Brive, cette Rorippe des bois est commune et essentiellement une Rorippe du lit de la Corrèze
ou de la proximité, idem pour la Vézère toute proche.









  • Rorippa palustris (L.) Besser
  • Rorippe faux-cresson, Cresson des marais
 C'est en général une espèce plus imposante, vers le Pont cardinal de Brive, elle s'est installée sur le bord des digues et
peut atteindre alors les 80 cm, mais elle est bien moins commune que les deux espèces précédentes.

ci dessous un grand individu du Cresson des marais près du pont Cardinal à Brive


Au dessous , une variante aux siliques beaucoup plus densément rassemblées



  • Rorippa amphibia (L.) Besser
  • Rorippe amphibie, Cresson amphibie
Cette espèce se localise essentiellement dans la moitié nord du Limousin, en Corrèze elle est  beaucoup plus discrète.





Les deux espèces suivantes sont hors de notre région :


  • Rorippa austriaca (Crantz) Besser   
  • Cresson d'Autriche
Espèce plutôt montagnarde, elle pourrait être présente en Corrèze aux confins du Cantal où elle a été photographiée :







  • Rorippa islandica (Oeder ex Gunnerus) Borbás  
Bien que présente dans l'Atlas du Limousin de la flore vasculaire, cette espèce ne serait présente qu'au bord des lacs alpins
(Savoie et Dauphiné) dissociée donc de Rorippa palustris (L.) Besser qui elle, est bien une espèce de notre région.
Les données anciennes sur la répartition française de cette sont donc à revoir et celles hors de l'arc alpin à négliger.

Voici une photo ( est-elle exacte ?) de la Rorippe d'Islande tirée du site " Flora italiana" .



Les hybrides évoqués par Paul Victor Fournier :

  • Rorippa amphibia X islandica (donc palustris >>> R. erythrocaulis Borb.
illustrée peut-être par cette photo prise je ne sais où en 2008 en Limousin




Peu de chance de trouver les deux suivantes dans le bassin de Brive dont les parents autres que sylvestris
n'ont pas l'air d'être présent localement :

  • Rorippa amphibia X sylvestris  >>> ? R. prostata (Bergeret) Schinz-Th. ou R.anceps (Wahlenb.) Reichenb.
Cet hybride est mentionné tout de même vers Beynat



  • Rorippa austriaca X sylvestris  >>> R. armoracioides Tausch.



Pour les deux suivantes, nous avons affaire aux hybrides de deux espèces bien présentes dans notre secteur,
donc avec une bonne chance d'y être rencontrés mais pour l'instant je ne dispose pas des descriptifs nécessaires
pour proposer des photos, alors bien sûr je suis preneur si vous, cher lecteur, avait des clés pour déterminer ceux-ci.

  • Rorippa islandica (donc palustris) X sylvestris  >>> R. brachystyla Wallr.
  • Rorippa pyrenaica X sylvestris  >>> R. stenophylla Borbas


Notons encore les variantes connues en France pour Rorippa aspera :
  • Sisymbrella aspera (L.) Spach subsp. aspera
  • Sisymbrella aspera (L.) Spach subsp. boissieri (Coss.) Heywood
  • Sisymbrella aspera (L.) Spach subsp. praeterita Heywood



Toutes ces plantes poussent dans des secteurs assez humides comme cette dernière espèce :
Pulicaria vulgaris Gaertn.
Pulicaire commune, Pulicaire annuelle
 Cette petite plante
s'était installée cet été sur les retraits de la Vézère vers Varetz
mais les pluies de l'été ont provoqué sa disparition pour l'instant, affaire à suivre donc  pour cette rare annuelle

qui ne se montre guère en Corrèze. Elle est inscrite également au livre rouge de la flore menacée de France (tome 2).






Page éditée le 2 septembre 2014 / DG