LES NOMS DES PAPILLONS
 Quelques généralités sur la vie du papillon

Les papillons mâles diurnes ont des couleurs plus éclatantes que leurs femelles. Les papillons mâles de nuit portent des antennes plus développées.
La plupart des femelles, dont l’abdomen est alourdi par les œufs, sont de taille supérieure aux mâles. Pour se retrouver, mâles et femelles communiquent par signaux visuels, olfactifs ou auditifs.
De nombreuses femelles de papillons de nuit sécrètent des substances chimiques sexuellement attractives (les phéromones).
Pour s’envoler, les papillons ont besoin d’augmenter leur température corporelle. Pour cela, les papillons de nuit font vibrer leurs ailes alors que les papillons diurnes se servent de l’énergie du soleil. Le Moro-sphynx vole à une vitesse de 54 km/h !

Les papillons de nuit maintiennent leur trajectoire en se repérant à la position de la Lune ou en se guidant grâce au parfum distillé par les plantes à floraison nocturne comme le chèvrefeuille ou le tabac.
   De jour, la vue prédomine. Les yeux des papillons, composés de milliers d’unités optiques (ommatidies), perçoivent une image en mosaïque de leur environnement.
Le papillon perçoit la lumière ultra-violette, mais pas le rouge, ni l’infrarouge. Cette ivresse de l’envol et des odeurs est de courte durée. Dans de nombreuses familles , les papillons meurent au bout de quelques jours, après avoir eu juste le temps de se reproduire.
Beaucoup d’espèces ont une nourriture dépourvue de protéines et de sels minéraux qui ne permet pas une longévité supérieure à une ou deux semaines.

Cependant, certaines espèces peuvent vivre plusieurs mois. Sous nos latitudes la nature observe un repos hivernal, c'est vrai pour la végétation comme pour le règne animal. On parle alors de diapause hivernale. Pour le papillon cette diapause hivernale va se passer, selon les espèces, sous une des quatre formes. Pour les espèces qui passent l'hiver soit en œuf, soit en chenille, soit en chrysalide, le papillon qui va éclore au printemps ou en été va vivre quelques semaines, 3 à 4 semaines pour la plupart. Par contre, ceux qui passent l'hiver sous la forme papillon, peuvent vivre jusqu'à 9 mois. C'est le cas du Citron .
 D'autres au contraire, c'est le cas des papillons de nuit de la famille des Saturnidés, n'ayant aucun organe leur permettant de se nourrir, ne vont vivre que quelques jours, 9 à 12 jours tout au plus, juste le temps de se reproduire: un exemple en est le Petit Paon de nuit. 
Dés qu'ils peuvent s'envoler, les papillons se déplacent avec deux préoccupations essentielles.
Se nourrir mais surtout trouver un ou une partenaire pour perpétuer l'espèce.



le Petit Paon de nuit

Le Moro-sphinx



Leur nourriture sera essentiellement trouvée en butinant les fleurs dont ils aspireront le nectar. Certaines espèces sont également friandes du jus sucré qui suinte des fruits mûrs tombés au sol ou de la sève qui s'écoule des arbres blessés.

En ce qui concerne les déplacements, on peut classer les espèces en trois groupes: les sédentaires, les voyageurs et les migrateurs.
Les sédentaires (par exemple du Demi- deuil et du Petit Sylvain) ne s'éloignent guère du lieu de leur naissance, soit parce que ce lieu leur offre les meilleures conditions d'existence,  soit parce qu'ils sont inféodés à un biotope très particulier ou à une plante très localisée.

Les voyageurs (par exemple le Machaon) sont des papillons qui peuvent se déplacer d'une façon erratique, sans idée de direction précise, sur plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de kilomètres.

Les espèces migratrices. généralement originaires du bassin méditerranéen ou même d'Afrique,  à une certaine époque de l'année, poussées par un manque de nourriture dans leur pays d'origine, vont entreprendre une migration massive vers le Nord ( par exemple la Belle Dame et le Sphinx du liseron). Certaines d'entre elles pourront ainsi remonter jusqu'en Scandinavie comme le Souci .
Mais la plupart de ces papillons migrateurs éliront domicile dans un des pays traversés ou ils se reproduiront en une ou deux générations. Et chose étonnante, à l'approche de la mauvaise saison dans leur pays d'accueil, les descendants de ces migrateurs retourneront, sans l'avoir jamais connue, sur la terre de leurs ancêtres.


Petite Violette

Sphinx du liseron


Les noms des Papillons de jour

Robert le diable vient de sortir de sa boîte, ou plutôt d'une des granges du village où il a du passer ce long hiver à l'abri des intempéries, espérant des jours meilleurs.
Justement ce 25 février 2009, c'est un beau jour, le premier beau jour depuis l'automne dernier , le ciel s'est dégagé de tous les encombrements de l'hiver pour nous offrir un avant goût de printemps.
Des violettes dressent leurs premiers boutons floraux et patientent encore un peu avant d'exhaler leur délicieux parfum dans ce laps de temps où l'hiver s'estompe.

Une Petite Violette (Clossiana dia) fréquente assez assidument le Sud-Ouest corrézien (et peut être l'île grecque de Dia refuge d'Ariane et de Thésée), objet de nos toutes nos attentions naturalistes mais pour l'instant sa chenille doit encore hiverner, sous une autre Violette, botanique cette fois.
Devant Robert le diable qui vient de se poser sur la terre du jardin et se réchauffe les ailes, j'imagine d'autre Violette encore, au pied du Grand Atlas où 20 ans ne sont pas dans les Aurès mais dans la plaine du Souss aux cent mille orangers.

Michel Tarrier a consacré la majorité de son temps à parcourir lui aussi le Maroc et les cédraies de l'Atlas, pendant dix ans pour devenir justement une des références dans l'étude des papillons et dit à ce sujet « Solidaires de chaque écosystème, ils sont les meilleurs marqueurs synécologiques. Leur influence sur les écosystèmes se manifeste autant par leur présence que par leur absence. »
Mais revenons à Robert qui du diable doit en avoir les angles aigus par le contour de ses ailes et qui est affublé du nom latin évocateur de Polygonia avec l'adjectif suivant « c-album » parachevant sa description, en effet  un c blanc est bien visible sous son aile postérieure et qui le fait dénommer également Gamma.
Gamma ou Robert le diable , voici deux noms pour un même papillon, une particularité que l'on va retrouver pour quelques autres  couples « légitimes cette fois« avec ainsi la Mégère (pour la femelle) et le Satyre (pour le mâle) et Lasiommata megera pour les deux, un couple qui au regard des noms, ne doit pas être de tout repos et qui d'ailleurs fréquente les lieux chauds et rocailleux du département à l'instar de l'autre couple de Lasiommata mais maera cette fois avec des noms moins sulfureux cette fois : le Némusien pour le mâle et l'Ariane pour la femelle.
On commence donc à se dire qu'étudier et retenir les noms des papillons cela ne doit pas être chose facile , pourtant étonnamment chez les Papillons on rencontre  peu de variantes locales quant à leur terminologie  alors que nos Rhopalocères ( les Papillons diurnes ) sont l'objet d'une attention particulière par leurs qualités de visibilité dans l'espace et leur pouvoir de nous faire rêver alors que les fleurs communes tout aussi visibles dans la nature bénéficient souvent d'une riche et variable terminologie.


Carte Géographique : son nom provient des dessins du dessous des ailes.

Gamma ou Robert le diable : on peut voir le C blanc (Gamma en grec)


Par contre leur identification va se heurter à d'autres complications, on a longtemps cru que la Carte Géographique (Araschnia levana) se déclinait en deux espèces avant que l'on se rende compte qu'elle comportait deux générations avec deux formes différentes: la première étant plutôt fauve orangé et la seconde presque noire : on a donc là affaire à un dimorphisme saisonnier.
A ce dimorphisme on peut ajouter celui qui concerne le sexe et qui est fréquemment répandu se manifestant par des couleurs, des graphismes et des grandeurs différents.
Le dessous des ailes ne correspond pas très généralement au dessus des ailes : le Paon du jour avec des ocelles colorées qui le fait reconnaître facilement est pratiquement noir uni si on l'aperçoit les ailes fermées.
On voit donc qu'il faut parfois une planche comptant huit représentations pour reconnaître un papillon (mâle ou femelle avec les dessous dessus et éventuellement les différences saisonnières).
Si on s'interroge sur la terminologie, aussi bien pour les noms français parfois évocateurs d'attitudes ou pour les noms scientifiques qui ont été attribués aux papillons diurnes ou Rhopalocères ( surtout dans la famille des Nymphalidae ), on ne peut que replonger dans les lointaines racines gréco-romaines et de leurs larges contributions à la nomenclature en cours.

Carl von Linné et les premiers descripteurs des différentes nomenclatures ont puisé abondamment dans la culture grecque ou latine et plus précisément dans la mythologie grecque pour y trouver toute l'inspiration quant il fallait donner un nom à toutes nos bestioles.
Alors je vous invite à continuer ce voyage dans le passé en s'attachant surtout à cette famille des nymphalidés,qui recèle une belle part des papillons qui peuplent nos campagnes.

Le voyage aux racines

Pour ne pas trop se perdre dans les dénominations, les noms français sont écrits en violet et les noms scientifiques en italiques grasses.

La Petite Tortue ou Aglais urticae  est commune en Limousin, Tortue vient de Tartare, une région des Enfers, dans la mythologie gréco-romaine  et Aglais , l'une des 3 Grâces, rend les yeux vifs et brillants tandis que sa sœur Euphrosyne évoque la joie et se retrouve dans Clossiana euphrosyne   ou le Grand Collier argenté , mais Clossiana selene ou Petit collier argenté, nous fait rêver à la pleine Lune, tous deux étant assez bien représentés dans notre région.

Mais la mythologie recèle une foule de personnages: les dryades par exemple (nymphes des bois et des arbres) avec Minois dryas ou le Grand Nègre des bois un papillon que l'on rencontre seulement sur les marnes calcaires au sud de Brive. Ce Grand Nègre faisant sans doute référence au diable qui présidait le sabbat ( l'assemblée des sorciers).

Arethusa :nymphe de rivière changée en source par Artémis cacherait-elle un message secret de notre Mercure (Arethusana arethusa )?, rencontré rarement sur les buttes calcaires du Sud-Ouest corrézien.

Les Nacrés ou Brenthis se déclinent en Brenthis daphne : le Nacré de la ronce se désolant sans doute de sa beauté comme la légendaire Daphné;  Brenthis  ino ou le Nacré de la sanguisorbe où Ino était une épouse cruelle précipitée en mer mais sauvée en élevant Bacchus, et Brenthis hecate ou le Nacré de la Filipendule où Hécate est une déesse protectrice liée aux cultes de la fertilité, accordant richesse matérielle et spirituelle, honneurs et sagesse, conductrice des âmes emportées par la tempête.  


le Nacré de la ronce

le Nacré de la sanguisorbe


Voici des brillantes à divers titres : Camilla , Phoebe et Aglaja se retrouvent avec Ladoga camilla : le Petit Sylvain qui hante les lisières forestières , avec Cinclidia Phoebe : la Mélitée des Centaurées assez fréquente dans nos prairies; avec Speyeria aglaja : le Grand Nacré plus près des forêts, et proche aussi des  Fabriciana (anciennement Argynnis : un jeune grec qui fut noyé ) ;
avec Fabriciana adippele Moyen Nacré et Fabriciana niobe : le Chiffre : Niobé étant fille de Tantale, fit du chiffre et eut trop d'orgueil avec ses 14 enfants qu'elle perdit et devint en pleurant une célèbre source intarissable. Le chiffre étant en réalité une allusion aux dessins cellulaires des ailes antérieures;
L'Argynnis paphia dont la couleur fauve le fait nommé Tabac d'Espagne, s'aventure souvent dans nos jardins campagnards; Paphia étant l'un des noms d'Aphrodite surtout vénérée à Chypre (à Paphos ) d'où provient Cypris et aussi le mot cuivre : le cuivré étant par ailleurs le nom générique français de nombreuses espèces dans la famille des Lycaenidés.
Le Paon du jour ( Inachis io)  doit son nom à une histoire un peu « vache » avec la belle Io, Vénus inachienne aimée de Zeus. Mais, Héra, la femme de Zeus,  exila la demoiselle en Egypte.  Io, malheureuse, pleurait beaucoup, lorsqu'un Paon du jour papillon se posa sur elle. Les ocelles qui  ornent ce papillon seraient les traces des larmes de la jeune fille.

Chazara briseis ou l'Hermite est rare sur les pelouses calcicoles du Sud Limousin: Brisêís étant une jeune troyenne, enlevée pendant la guerre de Troie par Achille , un lot d'autres espèces sont assez ressemblantes dont  les Hipparchia qui font référence à une épouse d'un disciple du célèbre Diogène, sans oublier nos temps présents avec Simone de Beauvoir, surnommée parfois la moderne Hipparchia; Hipparchia semele : (Sémélé aimée de Zeus ) ou l'Agreste fréquente les mêmes lieux que le précédent , tout commeHipparchia fagi (le Sylvandre) , et enfin Hipparchia genava ou Sylvandre de Genève est présent sur la Montagne Limousine.
 Tous les précédents,  avec le Silène ou Brintesia circe ( Circé, une magicienne particulièrement versée dans les empoisonnements et les métamorphoses et Silène, un satyre  personnifiant l'ivresse,) qui est un autre papillon répandu dans l'ensemble du Limousin, ont un graphisme et des couleurs qui leur permettent de passer inaperçu ( par magie ?) un fois posés sur un support adapté à leur voilure.


 l'Hermite

le Sylvandre

le Sylvandre de Genève

le Silène


La Vanesse des chardons (Cynthia cardui ) ou Belle Dame ( mais il y a aussi en Europe une espèce proche nommée la Belle Américaine...) est une grande migratrice : Cynthia vient du mont Kynthos, lieu mythique où seraient nés la déesse Artémis et son frère Apollon. De ce fait, Artémis est parfois appelée Cynthia.
 Pendant la Renaissance et le Baroque, c'est l'un des noms les plus habituels de la Lune, autant dans la poésie et le théâtre (Shakespeare) que dans l'astronomie (Galilée). C'est à partir de ce moment qu'il a commencé comme beaucoup d'autres, à être utilisé comme prénom.

Le Tircis (Pararge aegeria) visible une grande partie de l'année de février à novembre :Tircis était un berger sicilien, maître en l'art du chant bucolique et Aegeria une des innombrables nymphes de la mythologie.
Le Tristan (Aphantopus hyperantus) : s'associe au mythe celtique de Tristan et Yseult, lui même issu de mythe plus ancien.

Voici le Vulcain rapide
Qui vole comme un oiseau
son aile noire et splendide
Porte un grand ruban ponceau.

En quatre vers, Gérard de Nerval nous dépeint Vanessa atalanta où Atalanta est une charmante chasseresse redoutée pour la rapidité de sa course tandis que Vanessa désigne le papillon en grec.

Ce Vulcain possède une bande d'un rouge ardent comme le feu de la fournaise et explique le rapprochement avec le dieu du feu ; son autre nom d'Amiral évoque l'écharpe rouge qui barrait autrefois la poitrine des amiraux anglais.

D'autre part on peut voir des nombres dessinés sur le dessous des ailes  ( 182, 982 ?) qui lui vaut cette appellation moins connue de “Papillon à numéro” ou “Numéro quatre vingt dix-huit” ou Numerada, son nom en espagnol.

On distingue très bien un 1 ou 9, suivi d'un 8, puis un 2 ...


Avec le genre Erebia on aborde des papillons affectionnant les forêts qui évoquent des lieux sombres
en concordance avec Érèbe, fils du Chaos, frère et époux de la Nuit et qui se dit aussi pour une partie de l'Enfer ; les représentants du genre Erebia aethiops ou le Moiré sylvicole et Erebia meolans ou le Moiré des fétuques fréquentent les parties les plus hautes et boisées du Limousin ; aethiops évoque un aspect brulé , l'Ethiopie , la peau sombre de ses habitants.
Les Moires, portions de destin assignées à chaque homme, sont les divinités du Destin implacable.

Apatura est aussi un genre forestier avec Apatura iris ou le Grand Mars changeant : Iris était la messagère des dieux, et  l'arc-en-ciel était la trace du pied d'Iris descendant rapidement de l'Olympe vers la terre pour porter un message; ce phénomène céleste se désigne aussi poétiquement par le nom d'écharpe d'Iris; et avec Apatura ilia ou le Petit Mars changeant où Ilia était une princesse troyenne retenue prisonnière en Crête.

Encore deux espèces forestières avec Nymphalis polychloros ou la Grande Tortue et  avec Nymphalis antiopa ou le Morio qui aiment puiser leurs ressources dans les fruits avancés : Antiope: célèbre dans toute la Grèce par sa beauté et Chloris déesse des fleurs ( correspondant à Flore la romaine); les Nymphes étant les filles de Zeus, habitant les mers (néréides, océanides), les rivières (naïades) ou les forêts ( dryades, oréades).

L'Amaryllis  (Pyronia tithonus) : son nom français est aussi le nom d'une jolie fleur et vient du grec resplendir , il bénéficie de dizaines références littéraires très diverses de Virgile, en passant par Clément Marot  jusqu'à Victor Hugo par exemple, qui du poète dit :
....

Il achète tous ces murmures,
Tout ce rêve, et, dans les taillis,
L'écrasement des fraises mûres
Sous les pieds nus d'Amaryllis
...

Tithonus est le nom d'un héros de la mythologie grecque, amoureux d'Eos, la déesse de l'Aurore.


Le Myrtil (Maniola jurtina) , un papillon à la livrée sobre, dans des tons rappelant la terre, si ce n'est la lueur orangée qui viens égailler une cocarde noire sertie d'un point blanc. Mirtil berger grec badine avec Amaryllis mais sa promise l'enguirlande...


Amaryllis, William Holman Hunt.

Le Céphale (Coenonympha arcania) et le Procris (ou Fadet commun) (Coenonympha  pamphilus) sont deux papillons communs de nos régions, mais c'est aussi un couple infernal de l'Antiquité ou lui, le Céphale, tua accidentellement par son javelot implacable, Procris la jalouse, terrée dans un buisson et qui passe pour avoir inventé le premier préservatif de l'histoire, constitué d'une vessie de chèvre.
Le Fadet, dans les traditions populaires, est un démon familier rarement méchant; il est badin, folâtre, moqueur, plus malicieux que malfaisant mais  une autre origine le fait venir de  fada, le fou du village - le fou "inspiré" car touché par un doigt de fée.
Arcania est l'une des Danaïdes, et Pamphilus se rapporte sans doute à Pamphile qui dénigrait les vertus de la laitue.

Melanargia galathea ou le Demi-deuil est une espèce abondante en été et Galathea, le nom d'une Néréide et d'une bergère.
Euphydryas aurinia (évoquant sous toute réserve, une joie sylvestre et un aspect doré) ou le Damier de la succise comporte deux écotypes différents : le premier lié avec la Succise dans un habitat humide et le second lié à la Scabieuse colombaire pour un habitat plus sec, les deux plantes se cotoyant rapidement sur le territoire de Brive entre les sommets calcaires et les fonds gréseux. Cette espèce bénéficie d'une large protection européenne mais n'est pas heureusement menacé en Corrèze.

Que dire alors des quatre Papilionidés de notre région , deux ont disparus mais leurs traces dans nos mémoires sont intactes et si évidentes qu'il suffit de les énoncer pour comprendre le rapprochement avec la culture grecque : Parnassius apollo pour l'Apollon ; Papillio machaon (le Machaon) et Iphiclides podalirius (le Flambé) sont deux frères : Machaon et Podalirius, fils d'Asclépios, dieu de la médecine, ces deux derniers papillons toujours présents dans notre nature, enfin le Semi-Apollon (Driopa mnemosyne) outre son nom partageant bizarrement la notion de beauté en deux, évoque avec Driopa une peuplade mis au rang par Hercule, et d'autre part avec la pensive Mnémosyne, la plus parfaite attitude de la méditation, mère des Muses, filles de Mémoire et donna aux hommes :    « l’oubli des maux et le soulagement des inquiétudes ».

Les autre familles n'échappent pas à cette hellénisation effrénée (Pieris, Colias,  Argus, Pyrgus, Glaucospyche, Hespéries, Erynnis, Aporia, Pontia, Satyrium, Heodes, etc...).
Se replonger dans la mythologie grecque et entrevoir toutes les correspondances entre le mythe et l'inspiration des descripteurs lettrés du dix-huitième siècle, c'était bien l'objectif des paragraphes précédents, où j'espère avoir donné une idée du rapport étroit qui se dégage entre la terminologie utilisée pour nommer les papillons les plus visibles de notre environnement et les mythes anciens qui ont forgé la base sensible d'une culture qui dans le contexte actuel d'immense métissage mondial est en train de perdre de son originalité et de sa transcendance.

Alors revenons à notre diable de Robert pour boucler ce tableau, l'histoire mytique de ce personnage connait de nombreuses variantes, en voici deux :
« Robert, surnommé le Magnifique par les grands, et le Diable par le peuple, avait usurpé la couronne ducale de Normandie en empoisonnant son frère Richard III, avec les principaux barons. A force d'énergie et de courage, il écrasa les résistances que son crime avait soulevées.... En 1035, pris de remords, il alla chercher à Jérusalem le repos de sa conscience.... On voit encore au-dessous de Rouen, dans un des plus beaux sites de la Normandie, une colline qui porte quelques ruines informes. Ce sont les débris du château de Robert le Diable, qui, au dire des légendes, fut hanté par les mauvais esprits : » (V. Duruy) d'où l'on tire : Quand le Diable devint vieux il se fit ermite.

Mais une autre interprétation nous indique que le prénom Robert renvoie au latin robigo et à la fête des Robigalia destinée à se protéger de la colère de deux dieux redoutables provoquant la rouille des céréales. Les Rogations pourraient alors être, dans le monde chrétien, la survie de cette fête, car elles ont lieu à l’époque de la lune rousse. Robert, personnage initialement particulièrement violent, renvoie aussi à la couleur rouge du sang, du feu des incendies que ce diable allume.


La mythologie, les croyances et le papillon

On dit que chez les grecs, le papillon représentait le symbole de l'immortalité.

 Aristote, philosophe grec, nomma d'ailleurs le papillon Psyche (l'âme) dans son célèbre livre Historia animalium, en 344 avant notre ère.

 De nombreuses pièces de monnaies grecques sont également ornée d'un dessin de papillon.

 Chez les romains, des papillons sculptés ont étés retrouvés dans le sarcophage dédié à la déesse Minerve, protectrice de Rome.

Plus près de nous, les Black Foot, peuple amérindien "maître des plaines" du centre de l'Amérique du Nord, croyaient que les papillons venaient porter les rêves aux enfants.

 On retrouve d'ailleurs des papillons brodés sur leurs vêtements et leur accessoires.

D'autres peuples amérindiens croyaient également que souffler sur les ailes d'un papillon au moment de faire un vœu portait bonheur.

 Ci-contre, la souriante Mnémosyne, l'aide Mémoire parfaite pour
 « l’oubli des maux et le soulagement des inquiétudes ».
L'EXPOSITION
DES PAPILLONS